Pourquoi ricane-t-il ?
J'aimerais vous raconter une histoire, qui commence par cette question : mais pourquoi ricane-t-il ?
C'est la question que je me suis posée lorsque je l'ai vu afficher un rictus condescendant après lui avoir parlé de ma passion pour la pétanque. Les gens réagissent très souvent comme cela. Au son de ce mot : pétanque
Pour quelles raisons ?
Parce que, consciemment ou inconsciemment, devant une telle situation, l'être humain n'adopte que deux comportements : soit comprendre, soit juger. Lorsqu'il comprend, il ne ressent pas le besoin de juger. Lorsqu'il ne comprend pas, il juge. Par ignorance. Par facilité surtout. Cela l'abstient de toute réflexion. Comprends bien que ce n'est pas de sa faute, il est juste sous l'emprise de son cerveau. Qui cherche l'économie, de travail et d'énergie, pour survivre. Nous faisons face toutes et tous au même choix : soit de le prendre en charge, soit de le laisser nous prendre en charge. Et le monde change du tout au tout.
Nous ne sommes pas coupables. Juste responsables.
En mode automatique, l'être humain porte des jugements sur la base de ses habitudes, ses croyances, ses peurs, son égo, son orgueil… Les biais cognitifs qui l'éloignent de lui-même sont nombreux. C'est la source de tous les problèmes du monde, de toute l'histoire de l'humanité.
Concernant la pétanque, les idées préconçues sont nombreuses, et je les connais bien : ce n'est pas un sport. Ce n'est qu'un jeu pour les gamins. Cela ne demande aucun effort. Ils sont tous gros. Ce sont tous des beaufs, des poivrots. La liste est longue…
Alors, laissez-moi vous présenter une autre vision de ce monde. Et vous expliquer ce que les pétanqueurs ont de si particulier, si extraordinaire.
En France, le nombre de joueurs et de joueuses de très haut niveau
est juste vertigineux. Ce sont des gens qui passent tous leurs
week-ends, et souvent bien plus, à parcourir des milliers de
kilomètres sur les routes de France pour aller se défier. Ils
restent debout, des heures durant, sous la pluie, dans un froid de
canard ou en plein cagnard. Ils jouent en faisant preuve d'une
adresse inégalée, se concentrent, évaluent la meilleure stratégie,
affrontent la pression… pour ne gagner, au mieux, que quelques
centaines, voir quelques milliers d'euros. Des sommes dérisoires
en comparaison avec d'autres sports.
Je me suis longtemps demandé pourquoi cela me passionnait ? Pourquoi ces pétanqueurs me fascinaient ?
En première intention, je pensais que cela nourrissait simplement
mes valeurs comme le jeu, le besoin de relation humaine, la
convivialité, la déconne. J'y voyais également une forme de
beauté, de grâce dans la gestuelle. Mais récemment, j'ai compris
la vraie raison, la plus profonde, la plus inconsciente : la
maîtrise de soi. De son corps. De son esprit surtout. La maîtrise
de son mental, ses pensées, ses émotions. De la peur également. La
peur du jugement des autres, des partenaires. La peur d'être
critiqué, d'être rejeté. La peur de perdre, de se sentir nul. La
peur de l'échec, parce que, comme dans le tennis, la statistique
est largement en faveur de la défaite.
Combien d'entre nous sommes capable d'une telle prouesse, d'une telle maîtrise ?
Alors, j'aimerais remercier ceux qui m'ont fait rêver, il y a plus de 25 ans, par leur maîtrise, et qui m'ont invité à prendre une licence, à faire des concours, à améliorer ma maîtrise : Michel Loy, Michel Schatz, Didier Choupay, Marco Foyot, Philippe Quintais…
J'aimerais également remercier ceux qui me font encore rêver : Henri Lacroix, Dylan Rocher, Philippe Suchaud, Mickael Bonetto, Christophe Sarrio, Ligan Doerr, Kevin Philipson…
Merci à eux pour ce qu'ils apportent au monde.
Merci à cette personne qui a affiché ce rictus, parce qu'elle m'a inspiré cet article.
Merci à vous de m'avoir lu
Chaleureusement
Hervé
Création digitale de la série "Carrés couleur"
Retrouvez toutes mes créations digitales ici :